L'efficacité énergétique du secteur des bâtiments est essentielle à 'adaptation aux changements climatiques : la part des bâtiments dans la consommation énergétique et dans les émissions de gaz à effet de serre au Canada est importante.
En prenant en considération ces caractéristiques générales, il est possible d'avoir un bon aperçu de ce qui est hautement requis et de ce qui est accessoire comme intervention sur un bâtiment. On peut avoir une bonne idée des principales défaillances énergétiques selon la période de construction d'une habitation. D'ailleurs, un inspecteur en bâtiment chevronné devrait être en mesure de les reconnaître.
Par exemple, pour les vieilles maisons, on a généralement besoin d'augmenter l'isolation et l'étanchéité à l'air. Cependant, miser seulement sur l'augmentation de l'isolation diminuerait grandement l'efficacité de l'installation.
PÉRIODE |
ISOLATION |
ÉTANCHÉITÉ |
MÉCANIQUE |
---|---|---|---|
Avant 1983 |
Fondation : peu ou aucune |
Aucun systéme pare-air. |
Systéme central au mazout peu efficace et poluant. |
Entre 1983
|
Fondation : R12 sur 24 po de hauteur. |
Utilisation de pellicule de polythène. |
Aucun échangeur d'air, mais bâtiment étanche. |
2021 à aujourd'hui |
Dalle du sous-sol : R5 |
Très bonne étanchéité à l'air. |
Échangeur d'air obligatoir. |
Au Québec, le Règlement sur l'économie d'énergie dans le bâtiment, communément appelé «Loi 9» établit les seuils minimums de performance énergétique. Cette réglementation a été adoptée en 1983 en réaction au premier choc pétrolier et n'a subi que des changements mineurs en 1985 et en 1992. Le Québec faisait alors figure de pionnier étant la première province à se doter de telles mesures d'économie dans les bâtiments.
Concept de base important : il est beaucoup plus rentable d'économiser un kilowattheure que d'en produire un. Cela signifie que l'investissement requis pour économiser un kilowattheure est toujours moins élevé que celui qui est pour en produire un.
Efficacité énergétique : nouvelles règles pour les grands bâtiments
L'efficacité énergétique des nouveaux bâtiments commerciaux, institutionnels et industriels est appelée à faire un grand bond en avant avec l'entrée en vigueur, en juin dernier, d'un nouveau chapitre du Code de construction. À noter : la période transitoire se termine le 27 décembre 2021.
Fruit d'une collaboration entre la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) et Transition énergétique Québec (TEQ), le nouveau chapitre I.1, Efficacité énergétique du bâtiment, du Code de construction du Québec, remplace des règles qui s'appliquaient depuis… 1983 ! Il s'agit d'une adaptation du Code national de l'énergie pour les bâtiments (CNEB) de 2015 au contexte énergétique du Québec, une province où l'électricité est plus abordable et où on a beaucoup moins recours aux énergies fossiles pour chauffer qu'ailleurs au pays. Les dispositions concernant l'enveloppe, l'éclairage et la mécanique du bâtiment sont beaucoup plus détaillées dans ce nouveau règlement que dans le précédent.
Performance améliorée
Les nouvelles exigences devraient permettre d'améliorer la performance énergétique des bâtiments neufs de 27,9 % en moyenne par rapport aux exigences actuelles, selon la RBQ.
TEQ estime à 3,5 % l'augmentation des coûts de construction liée à ces nouvelles normes. L'organisme calcule que la période moyenne de rendement du capital investi simple sera de 6,8 ans.
« C'est clair qu'il y aura des impacts sur les entreprises, mais nous sommes favorables au choix de société de miser sur l'économie d'énergie », affirme Guillaume Houle, porte-parole de l'Association de la construction du Québec. Les entreprises du secteur du bâtiment devront en effet former leur personnel à ces nouvelles mesures et à leurs conséquences. Elles devront aussi expliquer à leurs clients pourquoi ces nouvelles règles entraînent une hausse des coûts de construction.
Une vision renouvelée
La nouvelle réglementation québécoise se révèle en général plus audacieuse que le CNEB de 2015. Par exemple, bien que la résistance thermique exigée pour les murs y soit inférieure, l'attention portée aux ponts thermiques est quant à elle plus détaillée, et les exigences en matière de récupération de chaleur sont supérieures.
Cette adaptation du CNEB se distingue aussi par sa façon d'envisager la performance énergétique d'un bâtiment dans son ensemble et de l'évaluer autrement qu'en additionnant les coefficients de chaque composante, souligne l'architecte spécialiste des enveloppes Richard Trempe. « La partie modélisation a été complètement révisée, souligne-t-il. On voit l'efficacité énergétique de manière globale, en incluant la mécanique du bâtiment. »
La conformité aux exigences pourra être atteinte à l'aide d'une de ces trois méthodes :
- La méthode prescriptive, qui consiste à suivre les exigences du règlement ou les schémas d'assemblage proposés;
- La méthode des solutions de remplacement, qui consiste à proposer des matériaux ou des assemblages équivalents aux exigences prescriptives;
- La méthode de la performance énergétique, c'est-à-dire la réalisation d'une simulation énergétique informatisée sur l'ensemble du bâtiment.
Isolation et ponts thermiques
La résistance thermique exigée pour les murs, toits, planchers et dalles (voir tableau ci-dessous) augmente presque du simple au double. Il s'agit essentiellement d'un rattrapage sur la partie 11, « Efficacité énergétique », du chapitre Bâtiment du Code de construction du Québec, en vigueur depuis 2012 dans le petit résidentiel.
Si on se contente de RSI 3,6 (R20) pour l'isolation des murs, c'est parce qu'il est désormais question de résistance totale effective plutôt que de résistance thermique totale. « On considère la meilleure valeur du mur, celle de l'isolant, et aussi la pire valeur, celle de l'ossature », explique Simon Lortie, coordonnateur, réglementation et normalisation chez TEQ.
Plutôt que d'imposer des épaisseurs supplémentaires d'isolant dans les murs, le nouveau règlement exige de meilleurs assemblages de matériaux pour isoler les ponts thermiques, que ce soit sur un mur coupe-feu, une poutre structurale, une saillie ou une dalle de balcon.
Portes et fenêtres
Le nouveau règlement fixe désormais à 2,0 le coefficient de transmission thermique global pour les fenêtres et les portes avec fenêtres. Les produits qui atteignent ce coefficient sont déjà largement offerts sur le marché. Ils n'ont pas à être homologués Energy Star.
Les ouvertures ne pourront pas compter pour plus de 40 % de l'enveloppe. Cette exigence pose un défi pour les murs rideaux des grandes tours de verre, car la partie opaque du revêtement peut difficilement atteindre la résistance thermique exigée.
«Ces bâtiments devront se conformer en simulant [par ordinateur la performance énergétique du] bâtiment, prévient l'architecte de la RBQ, Nathalie Lessard, qui a participé à l'élaboration du règlement. Les concepteurs devront proposer des performances qui vont au-delà des prescriptions du Code, grâce, par exemple, à une meilleure mécanique du bâtiment ou à la production d'énergie renouvelable. Beaucoup de modifications ont été apportées pour minimiser les possibilités de passe-droits qui n'amèneraient pas l'efficacité recherchée.»
Éclairage intérieur et extérieur
Afin de réduire la consommation totale d'électricité par l'éclairage, le nouveau règlement dicte des densités de puissance d'éclairage maximales pour chaque type de pièce. Par ailleurs, des dispositifs tels que minuteries ou photocommandes doivent être installés afin de limiter la consommation d'électricité dans ce domaine. Il ne sera pas nécessaire d'utiliser des technologies avancées ou de recourir à des DEL partout pour atteindre l'efficacité requise, souligne Simon Lortie.
En effet, on peut aussi se conformer aux exigences par des solutions de rechange. Dans ce cas, on fondera ses propositions sur la consommation totale d'énergie plutôt que sur la densité de puissance de chaque appareil d'éclairage.
Récupération de chaleur
Le nouveau chapitre hausse les seuils de récupération de chaleur pour les installations de ventilation, de chauffage et de conditionnement de l'air. La réglementation touche aussi les piscines, équipements de réfrigération et hottes commerciales. Des équipements qui permettent d'atteindre ces seuils sont déjà offerts sur le marché.
Résistance thermique exigée, zones 4, 5, 6 et 7A (sud du Québec)
| Exigences du Code de construction du Québec (1983) valeur RSI (valeur R) | Exigences du nouveau chapitre I.1 (2020) valeur RSI (valeur R) |
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Murs hors sol |
≈ 2,38 (R-13,5) | 3,60 (R-20,4) |
Murs en contact
|
2,20 (R-12,5) | 2,64 (R-15) |
Planchers exposés |
2,20 (R-12,5) | 5,46 (R-31) |
Toits |
3,10 (R-17,6) | 5,46 (R-31) |
Dalles |
Aucune exigence | RSI 1,76 (R-10)* |
* Exigence pour une largeur de 1,2 m sur le périmètre des planchers en contact avec le sol, sans conduits de chauffage intégrés.
Source : Régie du bâtiment du Québec, 2020.